Unité de recherche « penser la rationalité aujourd’hui » Colloque : la rationalité et ses enjeux DR.samir zoghbi



Unité de recherche « penser la rationalité aujourd’hui »
Colloque : la rationalité et ses enjeux
DR.samir zoghbi

La rationalité de l’image dans l’esthétique contemporaine



Cette interrogation se concentre sur la rationalité de l’image dans l’esthétique contemporaine, ce qui ne veut pas dire strictement l’usage technique et rationnel dans la formation de l’image, mais plutôt, il s’agit d’une compréhension et d’une vision du monde à partir de l’image rationalisé.
La rationalité de l’image et notamment l’image cinématographique est considérée ici en tant qu’image intentionnelle, c’est à dire qu’il n’est pas question d’une simple photographie spontané et innocente du réel, mais il s’agit de montrer que l’image n’est pas seulement une réflexion du réel, mais aussi une reproduction de ce réel. Donc la composition de l’image dans le cinéma n’est pas une simple opération technique, mais c’est toute une conception, une vision du monde, à partir du montage des images .selon Deleuze, les cinéastes sont considérées comme des penseurs.2
En ce sens, la question de la rationalité de l’image est une question qui touche le projet philosophico- esthétique de la pensée contemporaine, « Le montage cinématographique n’est pas seulement une opération technique indispensable à la fabrication des films. C’est aussi un principe de création, une manière de penser, une façon de concevoir les films en associant les images » Esthétique du montage : VINCEL AMIEL NATHAN / HER 2001 PARIS avant -propos
2 Gilles Deleuze : cinéma I l’image –mouvement
Les grands auteurs du cinéma nous ont semblé confrontables, non seulement à des peintres, des architectes, des musiciens, mais aussi à des penseurs. Ils pensent avec des images –mouvement et des images –temps, au lieu des concepts.

surtout que notre époque, est l’époque de l’image3 et de la visibilité. Le film disait Merleau-Ponty4, est un objet qui « ne se pense pas » : « il se perçoit », l’approche phénoménologique avec Merleau-Ponty pense à partir du visible, l’objet de pensée n’est plus une substance, mais ce qui est visible et ce qu’on peut percevoir.5 Ainsi la pensé ne devrait plus être une possession de l’objet, mais une simple représentation. De cette nouvelle pensée, on inspire une notion de l’image comme perception et visibilité. Le projet de la phénoménologie, est le dévoilement du statut de la perception en tant que contact direct avec le monde, sans médiation. Dans « la phénoménologie de la perception », la pensé de Merleau- ponty est axé sur l’étude de la perception et son rôle , comme étant un contact naïf avec le monde, ou l’être brut , l’être libéré des concepts. Le « retour aux choses elles mêmes » n’est rien d’autre qu’un retour à l’image.
Ainsi, la question de l’image dans l’esthétique contemporaine est une question qui pousse la pensée vers l’investigation tout d’abord de l’image implicite, à savoir de la combinaison rationnelle des images numériques. D’où alors la nécessité d’une archéologie de l’image qui permet de disséquer les couches condensées et montrer le statut et le sens de l’image dans l’esthétique contemporaine marquée par une rationalité technique. Telle rationalité technologique caractérise toutes les pratiques de l’homme contemporain.
Cette problématique peut être pensée en trois moments : dans le premier il s’agit d’analyser le sens particulier de l’archéologie de l’image, le
3 Vincent Amiel, dans l’introduction de son livre « Esthétique du montage » précise la thèse qui dit que notre siècle c’est le siècle de l’image en disant : « on a souvent répété que le xxè siècle est le siècle de l’image,je croit qu’il serait plus juste de dire que c’est le siècle des associations d’images. La bande dessinée le cinéma, la télévision ont imposé un regard éclaté, morcelé sur le monde. »
4 Merleau –Ponty, Sens et non sens p104
5 M. Merleau-Ponty : « Nous voyons les choses mêmes, le monde est cela que nous voyons » Le visible et l’invisible Gallimard 1964 p16

deuxième moment s’intéresserait à la technologie de l’image et la rationalisation de l’esthétique, enfin on parviendrai à l’éthique de l’image.
Archéologie de l’image
L’usage du concept archéologie, a un sens particulier dans cette esthétique contemporaine, il s’agit d’investiguer l’a- priori historique de l’image voulu par la technologie moderne. L’archéologie exerce une sorte de diagnostic, qui lui permet de découvrir un sol complexe d’une multiplicité d’images, l’image selon l’archéologue n’est rien d’autre que la scène qui se constitue suivant les transformations des épistémès.
Les différentes stratégies ne peuvent être manifestées qu’à travers l’image numérique, vidéo, picturale. Aujourd’hui l’esthétique n’est plus une activité à côté de la vie, c'est-à-dire, le rapport à l’image n’est plus un simple divertissement. L’esthétique a quitté la dualité métaphysique beauté/laideur, pour réfléchir sur la formation des images dans toutes les pratiques. Ainsi le concept de création lui-même a perdu son sens classique pour se revêtir d’un nouveau sens, celui de la combinaison des images par l’intermédiaire de la technologie informatique. Nous assistons à une sorte "d’esthétique négative " car l’image numérique dans notre époque est présente dans les prisons et les exils, exerçant une fonction de diagnostic archéologique.
Technologie de l’image et rationalisation de l’esthétique.

Le passage du champ analogique au champ numérique à aboutit à une rupture importante dans l’histoire de l’image contemporaine, il est question d’une révolution informatique numérique, l’image est s’est débarrassé de sa dimension concrète, pour se transformer en un objet abstrait elle est devenu un logarithme et un registre de nombre variable d’une façon continu et infini, selon une opération arithmétique.
Ce que l’oeil perçoit n’est plus qu’un simple modèle logique mathématique décidé circonstantiellement. Cette révolution numérique c’est étandue sur l’image, la voix et le texte, et ainsi elle finit par rassembler dans un seul système le géomètre, l’écrivain, voila le monde de l’image est devenu un monde simple, ouvert est annoncent une cosmologie symbolique. Et tous les beaux arts seraient ainsi liés à un monde informatisé. C’est une révolution au niveau du visuel qui dépasse radicalement l’ancien rapport entre l’image et l’imitation.
L’image dans le cinéma incarné dans le système informatique n’est plus une simple copie d’une idée qui la précède et l’institue, cette image ne s’installe plus dans l’opposition classique entre l’être et le paraître, l’image informatisée est déterminé dans chaque référence et ainsi réalise la conception effective dans le virtuel, sans être pour autant un réel corporel , mon corps armé par le meilleur des appareils peut se déplacer dans un espace immatériel , soumis à un artifice numérique , et y peut le mouvoir dans tout les sens.
Le paradoxe réside ici dans l’impossibilité de distinguer entre l’image et le réel. Un tel espace artificiel susceptible d’être
Manifesté sans être touché, il est du même coup réel et illusoire.
Les expériences de la présence à distance sont le résultat immédiat des logiciels à partir de l’intervention numérique de l’information.

L’Ethique de l’image
Notre ère est l’ère de la vision, qui assure la communication, entre le vu et le voyant. l’ image technologisée n’a pu être établie qu’a partir d’une rationalité technique , qui construit un espace géométrique invisible où le regard n’est pas un fait spontané , mais une appartenance effective à cette rationalité même , ainsi s’établie le sens de visibilité , et la possibilité du goût.
L’image contemporaine n’est pas une photographie mécanique du réel, mais c’est une image qui crée à son tour un réel propre, c’est l’image hypothétique, virtuelle, procurée par la technologie informatique, c’est-à-dire il ne s’agit pas d’une image simple (photographie) mais d’une image imaginée et informatisée. , c’est pour cela, que, l’image est devenue par le biais de la technologie, un appareil complémentaire qui porte une vision du monde.6
Le rapport du visible avec le réel et le vrai c’est l’équation qui caractérise notre culture moderne, le réel n’a pas de vérité en soi, il n’est pas indépendant, ni du sujet, ni de l’appareil qui le photographie. La vérité ne veut plus dire l’adéquation avec le réel.
Nous disons qu’il s’agit d’une ontologie illusoire où nous sentons les choses à partir de l’image.
6 « le cinéma nous donne à voir le processus de pénétration de l’homme dans le monde et le processus inséparable de pénétration du monde dans l’homme » Edgar Morin Le cinéma ou l’homme imaginaire Essai d’anthropologie Minuit 1956

Bibliographie :
Adolphe, Lydie.- La dialectique des images chez Bergson.- Paris : P.U.F., 1951.
Arabyan, Marc.- Lire l’image. Émission, réception, interprétation.- Paris : L’Harmattan.
Aristote.- Art Rhétorique et Art Poétique. Traduction nouvelle avec texte, introductions et notes par Voilquin, Jean; Capelle, Jean.- Garnier : Paris, 1944, p. 363.
Aumont, Jacques.- L'image.- Paris : Nathan, 1990 [sur l'image visuelle].

Bron, Jean-Albert; Leiglon, Christine.- À la découverte de l'image.- Paris : Ellipses, 2001.
Brown, S. J...- The World of Imagery, 1927,
Campbell, Joseph.- The mythic image.- Princeton University Press, 1981.
Cottin, Jérôme.- Le regard et la parole. Une théologie protestante de l'image.- Paris : Labor et Fides, 1994.
Deleuze, Gilles.- L'image-temps.- Paris : Editions de Minuit, 1985.
Deleuze, Gilles.- L'image mouvement.- Paris : Editions de Minuit, 1983.
Denis, M..- Les images mentales.- Paris: P.U.F., 1979.
Eliade, Mircéa.- Images et symboles. Essais sur le symbolisme magico-religieux.- Paris : Gallimard, 1966.
Eliade, Mircéa.- Images et symboles.- Paris : Gallimard, 1952.
Francastel, P..- L'image, la vision et l'imagination.- Paris : P.U.F., Collection "Que sais-je ?", 1963.
Gervereau, Laurent.- Voir, comprendre, analyser les images.- Paris : Editions La Découverte, 1997
Planck, Max.- L'image du monde dans la physique moderne.- Paris : Gonthier, 1963
Wunenburger, Jean-Jacques.- Philosophie des images.- Paris : P.U.F., 1997.
Wunenburger, Jean-Jacques.- La vie des images.- P.U. Strasbourg, 1995.



Dominique château : cinéma et philosophie Nathan Paris2003&²é
Bazin A. Qu'est-ce que le cinéma (Cerf) Fragments philosophique (1944-1947) trad. Eliane Kaufholz, Paris, Gallimard, coll. « Tell».
Morin .e ; le cinéma et l’homme imaginaire éd Minuit 1958
Merleau-ponty : Le cinéma et la nouvelle psychologie (1945)
Malraux : Esquisse d’une psychologie du cinéma, paris, Gallimard ,1946
Vincent Amiel : Esthétique du Montage NATHAN 2001 PARIS

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne
Update cookies preferences